Avant la Révolution, des fours « dits banaux » à l’utilisation très réglementée, permettaient à la population de cuire son pain sous certaines conditions. A Boutiers, un four banal implanté au sein de la Commanderie était géré par les religieux. Quant aux familles les plus aisées, elles en possédaient généralement sur leurs domaines. Avec la disparition de la banalité, la confection du pain, denrée première et vitale, fut un souci majeur pour l’ensemble de la population. En compulsant attentivement les archives et en interrogeant « les anciens » de la commune, nous découvrons qu’une boulangerie existait de la fin du XIXe au début du XXe siècle. L’époque du pain cuit au four banal était bel et bien révolue. Les premières ventes de pain à Boutiers, relatées dans un livre de compte remontent à l’année 1853.

Joseph COUTIN, fils de François, cultivateur et Marie Dugué, est né à Hanc dans les Deux-Sèvres. C’est à Boutiers qu’il épouse le 6 juillet 1852, Jeanne BARRAUD, fille de François, propriétaire à Saint-Trojan et de Magdeleine Étournaud. Jeanne est née à Saint-Trojan le 6 mars 1830 et décède à Cognac le 26 mai 1887. Déclaré propriétaire à son mariage en 1852, il s’établit boulanger dans la Grande Rue. Son activité est signalée d’avril 1853 à mars 1860. Délaissant Boutiers, il s’installe d’abord comme pâtissier à Cognac en 1861 puis comme restaurateur place de l’Ancienne halle de 1881 à 1905. De son union naissent : Joséphine (1853) ; Hortense (1855) ; Honorine (1862) et Adrienne (1863). Joseph meurt à Cognac le 5 octobre 1905, âgé de 73 ans.

Ses successeurs sont :

Louis MAGNAN né vers 1838. Mentionné en 1859 comme étant « boulangé » demeurant à Boutiers Saint-Trojan. Exerce-t-il avec Coutin ? Pas d’autres indications à ce jour.

César Victor FAJOUX surnommé Henri né à Jarnac le 15 mars 1822. Fils de Jean, tonnelier et de Élisabeth Duret. Tonnelier à Cognac en 1859, puis Boulanger demeurant Grande Rue (1861). Épouse à Cognac le 3 octobre 1859, Jeanne COIRARD, Fille de Pierre et de Marie Gaudin, elle est née à Brizambourg le 6 mars 1839.

Marie PAPONNAUD née à Boutiers le 2 juin 1821, elle est la fille de Jean Paponnaud dit Finesse, cultivateur et sacristain et de Marie Dousset.Elle épouse à Boutiers le 2 janvier 1844, Jean LEVEQUE né à Boutiers le 10 décembre 1821, fils de Jean Lévêque dit Janet, vigneron, demeurant le rue du Petit Logis et d’Anne Billaud. Tonnelier en 1861, puis cultivateur, il réside dans la Grande Rue. Décède à Boutiers Saint-Trojan le 24 mai 1870. Ils sont les parents de Marie Sidonie (1845-1886) ; Marie Augustine (1846-1931) ; Jean Arfeuille (1850) ; Marguerite (1852) et d’Augustin (1857).

A la mort de son mari Marie devient débitante de tabac à Boutiers (1872), mais assure également la vente de pain: « Veuve LEVEQUEmarchand épicier à Boutiers, achat de pain et épicerie ». Les mentions de vente de pain sont encore signalées en 1877, 1878 et 1879. « Veuve Lévêque, marchand épicier à Boutiers, achat de pain, chandelle, morue… » (1878). « Veuve Lévêque, marchand épicier – une miche, chandelle , sel, cassonade… » (1879). « Veuve Lévêque, épicier à Boutiers – pointes, mogettes et morue… » (1880). « Veuve Lévêque, marchande épicier à Boutiers – mogette » (1881). Encore en activité en 1882, elle décède à Boutiers le 17 janvier 1895, âgée de 73 ans.

François Auguste CHAUSSAT né le 7 juillet 1854 à Beissat, canton de La Courtine (Creuse), il est le fils de Jean Chaussat et de Françoise Pinet (dite Henriette). Il décède à Fouras le 11 janvier 1917. C’est à Boutiers Saint-Trojan qu’il convole le 25 octobre 1879 avec Julienne BOUET. Née à Boutiers Saint-Trojan le 28 septembre 1864. Fille de Pierre Bouet et de Marie Cholet, cultivatrice. Elle meurt à Boutiers le 12 mai 1881, âgée de 17 ans. Son contrat de mariage en date du 9 octobre 1879 (Hériard, notaire à Cognac) mentionne : « François Chaussat, boulanger, demeurant Boutiers, fils de défunt Jean Chaussat et de Françoise Pinet, cultivatrice, demeurant Bessat, canton de la Courtine en Creuse, avec Julienne Bouet, demeurant chez sa mère, fille de défunt Pierre Bouet et de Marie Julienne Chollet, demeurant Boutiers. En biens, il apporte son matériel de boulangerie, certains de ses créanciers, un recouvrement et de l’argent comptant, le tout pour une valeur de 2 500 francs ». Un livre de compte indique à la date de 1879 « Chaussat boulanger à Boutiers, pour achat de 8 pains de 6 kgs chacun, son, pain blanc… ». François Chaussat exerce son métier de boulanger au bourg de Boutiers de 1879 à 1882/83. Le décès de son épouse marque sa rupture avec Boutiers et la boulangerie. Il quitte la commune.

Il épouse en secondes noces à Cherves de Cognac le 5 juin 1882, Éléonore DEBERTEIX née à l’Épine de Cherves le 18 février 1865, fille de Jean Deberteix, cordonnier et de Marguerite Stéphanie Montaxier. Des enfants naissent à Cherves (1883) et à Fouras (1885-1891).

François LACOMBE issu d’une famille présente sur notre territoire dès 1842, François voit le jour à Boutiers le 11 décembre 1851. Ses parents François Lacombe et Marie Bellot, demeurent aux « Trois Poirasses à Boutiers ». Sa sœur aînée Élisabeth, mariée à Laurent Corde, tuilier, donne naissance à Céline (1877-1958) sage-femme de la commune. En septembre 1856, son père François Lacombe et son épouse font une acquisition de « Jacques Moyet, propriétaire-cultivateur, époux de Marie Joussaume, demeurant à la Pichonnerie à Nercillac, ont vendu à François Lacombe, propriétaire, époux de Marie Bellot, demeurant aux Trois Poirasses à Boutiers d’un corps de bâtiment situé au chef-lieu de Boutiers, composé d’une chambre au rez-de-chaussée, grenier au-dessus, un fournil, une grange derrière la chambre, un chai derrière le fournil, confrontant le tout dans l’ensemble du couchant à une petite rue, du midi à la Grande Rue du bourg, du levant à Jean Moyet avec mur mitoyen jusqu’à la hauteur de 2,27 m, du nord à Girard avec mur mitoyen, ainsi qu’une grange et un jardin, le tout joignant au chef-lieu, confrontant du midi à des aireaux communs, moyennant une somme de 2 560 francs ». Quant à François Lacombe fils, après avoir été réformé en 1871, il épouse à Boutiers Saint-Trojan le 15 avril 1873, Célestine LÉVÊQUE dite Marguerite. Célestine voit le jour à Boutiers le 31 décembre 1851, au foyer d’Alexis Lévêque, tuilier et de Jeanne Bonnenfant. S’il débute par le métier de tonnelier (1873-1884), il oriente ensuite sa carrière vers la boulangerie. Un créneau étant à saisir, il prend l’initiative de produire et vendre pain et son. Ayant hérité de ses parents en janvier 1874 d’un immeuble situé au centre de notre commune, il y aménage l’une des parties en boulangerie :« François Lacombe, propriétaire-cultivateur et Marie Bellot, son épouse, demeurant Boutiers, lesquels sains d’esprit ainsi qu’il est apparu aux notaires, ont déclaré faire donation entre-vifs à titre de partage anticipé par moitié et indivisément à : François Lacombe, tonnelier, époux de Marguerite Lévêque, demeurant Boutiers-Élisabeth Lacombe, épouse de Laurent Corde, tuilier, demeurant Chantemerle à Boutiers Saint-Trojan. De tous leurs biens situés et répandus communes de Boutiers Saint-Trojan et Nercillac, consistant en bâtiments d’habitation et de servitudes, cour, issues, jardin, terres labourables, vignes et 3 pelles à four: Un corps de bâtiment d’habitation ensemble un four, un chai et toutes ses dépendances, le tout situé au bourg de Boutiers, confrontant dans l’ensemble du midi à la Grande Rue de Boutiers, du nord à Girard, Moyet et Moreau, du levant à Moyet et du couchant à une petite rue, et d’un chai et deux petits toits avec la cour et le jardin en dépendant, le tout se tenant situé au même lieu, confrontant dans l’ensemble du couchant à Roy du nord à madame Cormenier, du levant à Rondeau et autres et du midi d’un aireau commun. Moyennant une rente et assurance de soins….Un butoir – Un établi de bois blanc – Une échelle en bois – 3 pelles à four – 480 kgs blé froment pur net et marchand – 8 hectolitres de vin rouge du pays de l’année  ».

François emploi pour le seconder un garçon boulanger. Il s’agit en 1886 de Joseph JUSSAUME, né à Segonzac le 2 avril 1870. Plus tard, ce dernier s’installe à son compte aux Métairies de Jarnac.Célestine quant à elle s’occupe de la vente « payé à la femme Lacombe, boulanger à Boutiers, la somme de 36 francs pour paiement de 20 pains de 6 kgs à 1.80 francs le pain et solde de compte, en présence de sa fille et de son ouvrier » (Extrait du livre de compte famille Chambaud – 29 août 1888). François se charge de l’approvisionnement en matières premières « reçu de Joussaume, meunier à Cognac, deux sacs de farine et de son quelle avaient produit des deux sacs de blé que je lui avais donné moudre le 11 février dernier et ce jour avoir livré les deux sacs de farine et leur son à Lacombe, boullanger à Boutiers conduit par le vieux domestique à Joussaume en ma présence et de celle de la mère Lacombe, elles sont livré pour échange de pain ». (Extrait du livre de compte famille Chambaud – 19 mars 1888). On vendait alors le pain par une fenêtre de l’habitation. François, également propriétaire, est donc boulanger au bourg de Boutiers dès 1886 (voir peut-être dès 1883-84) et le demeure jusqu’à fin août 1890 (cité « ancien boulanger » début juin 1891). Sa cessation du métier de boulanger semble liée à des difficultés d’ordre financier. Séparée de corps et de biens avec son épouse une liquidation judiciaire aux termes d’un jugement rendu par le tribunal de commerce de Cognac est prononcée le 28 novembre 1890 (la liquidation définitive intervient le 19 mars 1892). François Lacombe quitte le bourg de Boutiers pour s’installer à Terrusson (domestique de 1896-1906) puis au Bois Chaillot à Nercillac (1911). Les 4 et 9 octobre 1890, il cède pour 8 000 francs à Alexandre Lestrade, « son » nouveau garçon boulanger « un corps de bâtiment d’habitation, deux chambres basses séparées par une entrée servant de boutique, cuisine, four et boulangerie derrière, grenier, puits commun aux Moyet et Girard, et autres dépendances le tout d’un seul tenant situé au bourg et confrontant dans l’ensemble du midi à la Grande Rue de Boutiers, du nord à Philippe Girard, Moyet, du levant à Moyet, du couchant à une petite ruelle, du fonds de commerce de boulangerie plus le matériel ».  Le 27 septembre 1891, il vend un autre ensemble de bâtiments situé au bourg de Boutiers (toits, chai, jardin, cour) plus des parcelles de terres et vignes à Bernard Tugiras et Thérèse Barraud. Son épouse Célestine décède à Boutiers le 7 octobre 1917. Quatre enfants sont nés de cette union : Lucien (1874 – 1906) ; Antoinette (1877 – 1949) ; Théodore (1881 – 1949) et Marie (1889 – 1890). Suite à cette disparition, François contracte une seconde union à Tarbes le 26 avril 1927 avec Georgette Angéline Caroline Lansart et en 1929, il est signalé comme propriétaire à Richelieu en Indre-et-Loire.

Son successeur immédiat n’est autre que son jeune commis. Alexandre LESTRADE né à Boutiers Saint-Trojan le 15 août 1866, il est le fils de Jean Lestrade, tailleur de pierre et de Marie-Françoise Martin. La famille Lestrade native du village de Royère dans la Creuse est arrivée sur la commune vers 1855. Ce garçon boulanger qui reprend le commerce de son patron début octobre 1890, convole en justes noces le 28 dudit mois avec Mathilde Louise BARAUD. Cette dernière, née à Boutiers Saint-Trojan le 14 juin 1867 est fille de Jean-Baptiste Baraud et de Marie Bergeon. Alexandre a donc trouvé « sa boulangerie et sa boulangère ». Trois petits mitrons naissent de cette union : Gabrielle (1891-1896) ; Paul-Alexandre (1897-1970)  et Olivia Mathilde (1898-1904). Le fonds de commerce de la boulangerie comprenant la clientèle et l’achalandage est composé de : une jument rouge âgée de six années et estimée 300 francs-un harnais de cheval estimé 65 francs-deux chars à banc estimés 500 francs-un pétrin en bois de noyer estimé 100 francs-Soixante pannetons estimés 60 francs-les linges environ soixante morceaux estimés ensemble 20 francs-six pelles et deux rouables estimés 40 francs-un étouffoir estimé 20 francs-un comptoir en bois blanc estimé 40 francs-des balances estimées 20 francs-une série de poids estimés 10 francs-une bascule estimée 20 francs-deux seaux en bois estimés 5 francs. Montant global de 1 200 francs.

Les immeubles désignés appartiennent en propre à M. François Lacombe pour avoir fait partie de ceux qui lui ont été attribués aux termes de la donation à titre de partage anticipé faite en faveur et en celle de Mme Élisabeth Lacombe, sa sœur, épouse de Laurent Corde par François Lacombe, propriétaire et Marie Bellot, son épouse, demeurant Boutiers, père et mère, selon contrat Hériard du 14 janvier 1874. M. Lacombe ne pourra créer un autre fonds de boulangerie dans la commune et communes limitrophes pendant une durée de 10 ans. Vente faite moyennant le prix de 8 000 francs (dont 3 000 francs pour le matériel et achalandage) remboursable sous 10 ans au taux annuel de 5 %. Jean Lestrade et Françoise Marie Martin, père et mère, demeurant Boutiers, déclarent se constituer caution et garantie solidaire d’Alexandre leur fils pour le paiement. Ils hypothèque leurs biens ».

Cette description, indique clairement que nos boulangers effectuent des livraisons de pain avec jument et char à banc (cycle de tournées). Un bureau d’assistance médicale gratuite fondé à Boutiers Saint-Trojan en 1893 vient en aide aux personnes nécessiteuses de la commune. Sa commission attribue une « aide sous forme d’achat de chaussures et de vêtements consentis aux enfants et des achats de pain sont effectués auprès du boulanger Lestrade (122.50 francs sur les années 1892, 1893, 1894 et 1895) ».Le 22 août 1904, Alexandre et son épouse, probablement en difficulté financière, vendent bâtiments, boulangerie et terres « Alexandre Lestrade, boulanger, époux de Mathilde Louise Barraud, demeurant Boutiers ont vendu à Jean Lestrade, entrepreneur de maçonnerie, époux de Marie Gendron, demeurant à Saint-Savinien (17) leur frère : Un corps de bâtiment d’habitation composé de 2 chambres basses séparées par une entrée servant de boutique, cuisine, four et boulangerie derrière, grenier, puits commun avec Girard et Moyet et autres dépendances, le tout d’un seul tenant à Boutiers, confrontant dans son ensemble du midi à la Grande Rue, du nord à Moyet, du levant à la veuve Moyet et du couchant à une ruelle-Une pièce de vigne à l’Essartie de 58 ares-Une pièce de vigne aux 3 Poirasses-Une pièce de terre à la Combe-Plusieurs terres sur Nercillac-Et le fonds de commerce de boulangerie que ledit sieur Lacombe exploite à Boutiers : La clientèle et l’achalandage-Le matériel ci-après décrit et estimé savoir :Un cheval de bai, âgé de 6 ans – 300 francs, Un harnais de cheval – 65 francs, Un char à banc – 300 francs, Un pétrin en bois de noyer – 100 francs, 60 pannetons – 60 francs, Les linges environ 60 morceaux – 20 francs, 6 pelles et 2 rouables – 40 francs, Un étouffoir – 20 francs, Un comptoir en bois blanc – 40 francs, Deux balances – 20 francs, Une série de poids – 10 francs, Une bascule – 20 francs, Deux seaux en bois – 5 francs , Soit un total de 1 200 francs, Plus une pièce de vigne de 23 ares, La nue-propriété du quart indivis pour y réunir l’usufruit au décès du survivant des époux Jean Lestrade, Une maison d’habitation sise au bourg de Boutiers avec bâtiments de servitudes, cour, jardin et ouche en dépendant, le tout d’un seul tenant et confrontant dans son ensemble du nord à la Grande Rue du midi au chemin ….Le fonds de commerce de boulangerie par M. Alexandre Lestrade exploite à Boutiers. Les immeubles sus désignés vendus en pleine propriété, le fonds de commerce de boulangerie également vendu en pleine propriété et le quart indivis de la maison vendue en nue-propriété appartient en propre à M. Alexandre Lestrade l’un des vendeurs savoir : La maison article 1 et le fonds de commerce de boulangerie au moyen de l’acquisition que le sieur Lestrade en a faite avant son mariage de M. François Lacombe, boulanger et madame Marguerite Lévêque, demeurant Boutiers (Acte Hériard 4 et 9 octobre 1890), La pièce de vigne sise aux Merlinauds et celle sise aux Egaux au moyen de la donation faite par Jean Lestrade, propriétaire et madame Françoise Martin, demeurant Boutiers, selon contrat du 9 octobre 1890, Elles ont été maintenues au lot dudit Alexandre Lestrade, ainsi qu’il résulte de l’acte de donation à titre de partage anticipé consentie par Jean Lestrade père et mère, Tous les autres immeubles vendus en pleine propriété au moyen de l’attribution qui lui en a été faite aux termes d’un acte reçu Hériard du 14 décembre 1896, Donation entre vifs à titre de partage anticipé par M. et Me Jean Lestrade ci-dessus nommés en faveur de leurs 4 enfants : Ledit sieur Alexandre Lestrade, Jean Lestrade fils aîné, acquéreur, Alphonse Lestrade, tonnelier à Boutiers, Louis Lestrade, cultivateur. A la charge d’une rente viagère et de soins. Au moyen des présentes l’acquéreur pourra jouir et disposer des immeubles et du fonds de commerce de boulangerie vendus en pleine propriété comme de chose lui appartenant à compter de ce jour. Quant au quart indivis de la maison de Boutiers grévé de l’usufruit des époux Lestrade père et mère il en disposera…..La présente vente faite moyennant la somme de 6 500 francs à concurrence de 1 500 francs au fonds de commerce de boulangerie et le reste immeubles. Il a payé à l’instant en billets de banque. Monsieur et madame Alexandre Lestrade s’engagent à ne pas exploiter directement ou indirectement de fonds de commerce de boulangerie dans la commune de Boutiers Saint-Trojan et autres circonvoisines pendant un délai de 10 ans ».

Néanmoins, Alexandre Lestrade poursuit son activité à Boutiers courant 1907-1908 (quartier Grande Rue). Dans un recensement en 1911, on le mentionne comme étant boulanger « chevalin » puis boulanger chez un nommé Joussaume en 1921. Finalement, on le retrouve propriétaire à Nercillac (la Pichonnerie 1922). Lestrade va au cours de son activité former et employer plusieurs jeunes boulangers. A savoir : Armand SALSAC né vers 1864, fils de Joseph Isidore Gagelin Salsac, cultivateur à la Borderie Basse et de Félicité Zélie Ouvrard-Boulanger à Boutiers (1886 – 1895). Son frère Arthur Salsac est épicier-mercier-cafetier au bourg (1919-1925). Jacques BLANCHARD dit Oscar né à Boutiers Saint-Trojan le 28 novembre 1875. Fils de Jacques Blanchard, cultivateur et de Marie Léontine Bonnin. Boulanger apprenti chez Lestrade dès 1891 et jusqu’en 1902 (il poursuit ensuite sa carrière à Cognac en 1903). Il épouse à Boutiers Saint-Trojan le 14 décembre 1901, Ernestine Eugénie THOUBEY tailleuse de son état, elle est née à Saint-Laurent de Belzagot le 3 décembre 1882. Moïse CHARLOT né à Nercillac le 2 juillet 1876 Fils de Casimir Charlot, boulanger et de Françoise Dupas, Garçon boulanger à Boutiers (1897). Épouse à Boutiers Saint-Trojan le 4 septembre 1897, Héloïse Angèle GENSAC née à La Rochefoucauld le 29 janvier 1877. Couturière.

Joseph GUILLEMAIN né vers 1881 Ouvrier boulanger chez Lestrade (1901).

Marius RENAUD né vers 1880 Domestique boulanger de Lestrade (1903 – 1906). Son frère, Louis-Alphonse va exercer à ses côtés la profession de boulanger – années 1891 à 1897 né à Boutiers Saint-Trojan le 26 novembre 1870 et décédé le 31 janvier 1941. Cultivateur demeurant quartier du Petit Logis (1896), il se marie à Boutiers Saint-Trojan le 25 février 1895 Florence BARAUD (sœur cadette de Mathilde, sa belle sœur) née à Boutiers Saint-Trojan le 24 août 1871 et y décède le 7 octobre 1937. Fille de Jean-Baptiste Baraud et de Marie Bergeon. Ils sont les parents de : Louis-Roger (1896-1938) ; Moïse (1897-1898) ; Odette (1899-1986) ; Lucienne-Eugénie (1901-1901) ; Mort-né (1904) ; Andrée Louise (1907-1907).

La famille Lestrade ayant le commerce « dans le sang », ouvre une épicerie dans la Grande Rue. Louis et Florence vont y tenir ce commerce de 1901 à 1939. C’est leur fille Odette qui va céder l’épicerie en 1946 à Camille Deluchat. Le 21 janvier 1920, son épouse Mathilde Louise Barraud décède. Promptement, il épouse à Boutiers Saint-Trojan le 20 décembre 1920, Léa PEYROL fille du tailleur de pierre, Dominique Peyrol et de Pélagie Saunier, elle voit le jour à Sainte-Sévère le 24 juillet 1890. De ses deux unions, il est père de : Gabrielle (1891 – 1896) ; Paul Alexandre (1897 – 1970) ; Olivia Mathilde (1898 – 1904) ; Gaston Alexandre (1922). Alexandre Lestrade, meurt à Cognac le 24 février 1953.

Nous trouvons également la présence d’un pâtissier: Étienne BOULANGER né à Verrières le 13 août 1875 Fils de Jean Boulanger et de Marguerite Bourland. Pâtissier (1896-1901) – Demeurant les Tuileries puis le Bourg. Épouse à Boutiers Saint-Trojan le 4 août 1896 Hélène Louise LUGUES Née à Boutiers Saint-Trojan le 31 août 1876 Fille de Pierre Lugue (1832-1901) cultivateur et de Marie Simonnet Décédée à Cognac le 15 juillet 1953. Dont : Jules-Etienne (1897) ; Louise (1899-1994) ; Léa (1901-1960).Mention d’un contrat d’apprentissage de boulanger pour un jeune boutiérois. 16 avril 1780 « Sieur Pierre Mesnier, maître boulanger, demeurant faubourg de Saint-Jacques en cette ville de Cognac et Jean Paponneau, thuillier et Jean Paponneau fils, demeurant bourg de Boutiers. A esté dit que le sieur Mesnier promet et s’oblige de montrer de son mieux audit Paponneau fils ledit métier de boulanger pendant le tems et espace de 13 mois consécutifs et sans intervalles. Ledit Paponneau sera tenu dobéir audit Mesnier dans tous ce qui concerne ledit métier et de lui porter respect ainsi qu’à son épouse. Ledit Mesnier nourrira ledit Paponneau pendant ledit tems, le couchera, le blanchira. Ledit Paponneau fils promet et s’oblige et sera tenu au cas qu’il perdi du tems par maladie ou autrement de les remettre audit sieur Mesnier. Le présent marché fait pour le tems de 13 mois et pour la somme de 60 livres que ledit sieur Paponneau père s’engage à payer scavoir 30 livres lorsque ledit Paponneau fils sortira d’apprentissage et les 30 livres restantes 1 an après ».

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Au début du XXe siècle, faute d’une boulangerie, la vente de pain et pâtisseries est assurée par des marchands ambulants. Dès 1936, demeurant la Groie à Nercillac, c’est Raoul BERTHOME, qui parcourt notre commune avec son cheval et sa carriole. Boulanger dès 1928, monsieur Berthomé est né à Saint-Amant de Montmoreau le 15 juillet 1886 et son épouse Jeanne Bertrand, native de Bordeaux tient le magasin. Puis monsieur Santex, de Cognac, à son tour assure les tournées (sa boutique se situe place d’Alger) D’autres vont suivre, puis finalement des dépôts de pain seront déposés à la boucherie. Il faut donc patienter un siècle pour voir apparaître une nouvelle boulangerie au sein du bourg de Boutiers. Le 1er mai 2010 l’ouverture d’une boulangerie au numéro 3 de la rue des Platanes voit le jour avec l’arrivée de madame Brigitte BREQUE (« La belle Marianne »), suivi par Damien et Nathalie BLOIS en avril 2014 (« Le Fournil »). Le four est changé courant juillet 2021.

Reprise de la boulangerie le samedi 9 avril 2022 (suite fermeture mi septembre 2021 pour cause de liquidation judiciaire) « La Mie de Florine » par Nicolas et Fabienne GUYON (propriétaires du 25 rue de Bellefonds « la Mie de Nico » et de la boulangerie de Nercillac).

Le bâtiment habitation du boulanger se trouvait à l’actuel numéro 19 de la Grande Rue (selon madame Pelletier), et l’implantation du four, côté droit de l’impasse Grande Rue (l’ensemble était ainsi situé au coin de la l’impasse et de la Grande Rue).

Patrick HURAUX.

Merci à mesdames (+) Hélène Chedouteaud ; (+) Julienne Pelletier et Claude et Marie-Thérèse Chedouteaud.

Création des monuments aux morts en France

Début novembre 1918, l’Allemagne demande une suspension des hostilités. Une délégation allemande est reçue en forêt de Compiègne près de Rethondes, dans le wagon-bureau du maréchal Foch, les conditions de l’armistice y sont présentées. Le 11 novembre 1918 à 5 heures 45 du matin, l’armistice est signée dans les conditions demandées et les hostilités suspendues quelques heures après. Ce n’est qu’à la signature des traités de paix à Versailles, le 28 juin 1919, que la sortie de la guerre est actée. La France compte 1,4 millions de morts et 3 à 4 millions de blessés, invalides (en moyenne 900 jeunes français mouraient chaque jour sur les champs de bataille). Le 8 novembre 1920, une loi est votée pour qu’un hommage soit rendu aux restes d’un soldat non identifié mort au champ d’honneur. Représentant anonyme des « Poilus », il devient le symbole des Poilus dont les familles n’ont pas retrouvé le corps. La loi du 24 octobre 1922 fait du 11 novembre la journée nationale pour la commémoration de la Victoire et de la Paix. Le 11 novembre 1923, le ministre de la guerre et des pensions, André Maginot, allume pour la première fois une Flamme du souvenir. Depuis, elle est ravivée tous les soirs à 18 heures 30. En parallèle, la loi du 25 octobre 1919 dite « Loi sur la commémoration et la glorification des Morts pour la France » fixe les modalités d’édification et d’attribution (subvention variant de 4 à 25 %). De 1920 à 1925, 35 000 monuments aux morts sont édifiés. Ils deviennent les lieux de commémoration de la Grande Guerre à son niveau local. Cette initiative est aussi une justification auprès des familles pour les décisions politiques qui avaient conduit à cette hécatombe.

Pour Boutiers Saint-Trojan

Au lendemain de la guerre, la vie reprend son cours. Des élections municipales se déroulent les 30 novembre et 10 décembre 1919. Peu de changement : Henri Renaud est renouvelé au poste de maire et Achille Caillaud au poste d’adjoint (autres conseillers : Lestrade Alexandre ; Emery Henri ; Couprie Toussaint ; Daniaud Aimé ; Baraud Chasteauneuf ; Bernard Fernand ; Lestrade Léonard ; Godichaud Constant ; Mosnier Léon ; Hubert Pierre).

En 1923, encouragé par l’État, on décide d’élever un monument aux morts, à la gloire des fils de la commune tombés au champ d’honneur, et afin de financer ce projet important, une souscription est lancée. Le financement s’opère pour partie à une subvention de l’État et pour l’essentiel par les finances de la commune et grâce à une souscription publique.

Lors de la séance du 13 janvier 1924, monsieur Henri Renaud fait part que la somme récoltée par divers dons est de 4 112 francs. Ceci ne couvre évidemment pas le montant envisagé d’environ 9 000 francs. Le reste sera à financer par les impôts. Par ailleurs, le plan et les devis du monument sont acceptés par la municipalité.

Les entrepreneurs sculpteurs retenus sont messieurs L. Borgioli et A. Mayolle, de La Rochefoucauld. Le choix de l’emplacement communal se porte sur le lieu-dit « Tour Malakof ». A cet endroit s’élevait une tour (souvenir de la prise de la Tour de Malakoff en Crimée le 8 septembre 1855) où résidaient alors une vieille femme et sa fille. Le maire présente ensuite à son conseil un nouveau devis sur l’édification du monument aux morts. Messieurs Borgioli et Mayolle proposent que la statue allégorique soit en marbre de Carrare au lieu d’être en pierre. Le montant de la dépense est de l’ordre de 11 500 francs. Le conseil accepte la proposition et s’ingénie à trouver le financement. La construction s’achève probablement fin 1924. Au total 41 noms sont inscrits sur le mémorial avec pour seule légende « Boutiers Saint-Trojan à ses enfants morts pour la France 1914-1918 ». En février 1925, on achète une grille pour entourer le monument aux morts – coût 1 100 francs. Le 4 octobre 1925, Henri Renaud annonce que l’inauguration du monument aux morts de la guerre, est fixée au 11 octobre. A cet effet, on prévoit divers frais. La manifestation se déroule en présence de messieurs Griolet-Lesage, sous-préfet de Cognac ; Paul Condé ; Edmond Laroche-Joubert ; Poitou-Duplessy, députés ; du maire et de son conseil et de la population (Boutiers Saint-Trojan compte 691 habitants). Patrick HURAUX

Boutiers Saint-Trojan, le 16 mars 2024

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